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Coûts du nucléaire : la fin du mythe et l’heure des choix

Le rapport sur les coûts du nucléaire publié ce mardi 31 janvier par la Cour des comptes jette un pavé dans la mare des débats sur le nucléaire. Publié par une juridiction indépendante, il met à mal le mythe du nucléaire bon marché et des coûts maîtrisés de l’atome.
À quelques mois des élections présidentielles, les candidats se doivent maintenant de prendre position sur la poursuite à grands frais de ce mode de production d’électricité, ou pour un virage décisif vers des énergies moins polluantes et infiniment moins chères. Fini le statu quo, voici l’heure des choix !
Très cher EPR…
Le verdict est sans appel : en établissant le coût moyen du nucléaire en 2010 à 49,5 € le MWh et celui de l’EPR de 70 à 90 € le MWh, le rapport de la Cour des comptes met ainsi en évidence l’envolée des coûts de construction des nouveaux réacteurs et enterre définitivement l’EPR. Le nucléaire confirme ainsi qu’il est la seule technologie dont les coûts de construction augmentent avec le temps ! La Cour des comptes ne s’y risque pas, mais il n’est pas interdit d’en tirer des conclusions sur la compétitivité croissante des énergies renouvelables, dont les coûts de production, eux, ne font que décroître. Des études montrent d’ailleurs que les courbes des coûts de production du nucléaire et du solaire se sont croisées voilà déjà quelques années.
La poursuite de l’exploitation des réacteurs, un gouffre financier.
Les investissements de maintenance sont eux aussi condamnés à augmenter, renchérissant de 10 à 15 % le prix de production. D’après les chiffres d’EDF, ce sont 3,7 milliards d’euros qui devront être consacrés annuellement à la maintenance des réacteurs et au renforcement des normes de sûreté, une somme à revoir à la hausse sachant que toutes les conclusions des évaluations de sûreté post-Fukushima sont loin d’avoir été tirées, et que l’ASN, pourtant peu sévère, considère elle-même les chiffres fournis par EDF comme bien optimistes.
Nous savions déjà que le coût de l’électricité devait augmenter. Il est temps d’arrêter d’incriminer les renouvelables : c’est bien le nucléaire qui est responsable de cette hausse !
L’incalculable coût du démantèlement et des déchets.
Difficile d’estimer les coûts du démantèlement sur la base des chiffres fournis par EDF ! La Cour se refuse ainsi à valider les 18,4 milliards d’euros estimés par EDF pour le démantèlement des 58 réacteurs actuellement en fonctionnement, du fait de l’absence de recul, de méthodes de calcul peu fiables, et de l’existence de coûts incomparablement plus élevés dans d’autres pays.
La réflexion est la même pour les déchets : l’estimation de 28 milliards d’euros prévus pour la gestion à long terme des déchets (hors combustibles usés) est qualifiée de « fragile ». A quoi devons-nous donc nous attendre dans les années qui viennent ? Qui paiera les budgets non provisionnés ?
Surtout, les sommes nécessaires pour faire face à ces dépenses ne sont pas provisionnées : sur les 27,8 milliards nécessaires pour les coûts à venir, seuls 18,2 sont disponibles… et EDF a eu recours à un tour de passe-passe pour approvisionner les fonds, en y transférant des actifs normalement destinés à l’entretien des réseaux ! Ce ne sont pas les exploitants – qui ne sont pas à l’abri des aléas économiques ni d’opérations financières malheureuses - qui financeront la différence, mais bien l’État… et donc les contribuables.
Des coûts occultés.
L’évaluation de la gestion des déchets omet ainsi de prendre en compte tant les résidus miniers (qui représentent des milliers de tonnes de matières polluantes) que l’uranium appauvri, au prétexte que celui-ci serait une matière valorisable.
L’accident est certes évoqué, et la Cour des comptes sonne l’alerte sur la nécessité d’une ratification urgente de la Convention de Paris, qui permettrait de faire passer à 200 millions d’euros les sommes à charge de l’exploitant en cas d’accident. Mais ce montant reste dérisoire face au coût d’un accident grave de type Fukushima, que la Cour des comptes s’est refusée à prendre en compte.
Auditionné en juillet par la Cour des comptes, le Réseau « Sortir du nucléaire » avait fortement suggéré que soient prises en compte toutes les externalités négatives, tout ce au prix de quoi se fait la production d’électricité nucléaire : la destruction des zones où s’implantent les mines d’uranium et les droits bafoués des peuples autochtones qui y vivent, la pollution des cours d’eau et de l’environnement, les impacts sanitaires pour les travailleurs et les riverains, ont un coût non négligeable pour la société.


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